4 février 1944... l'évasion de la centrale de
Nîmes... Une histoire de Régordane.
L’état-major F.T.P.F. de la zone sud décide de libérer un groupe de résistants.
La mission est confiée à Rémy Sauer "Marty", avec l’aide de 2 groupes : M.O.I., commandé par Christino Garcia et le groupe du maquis des Bouzèdes, au-dessus de Génolhac. Ils devront prendre le train individuellement, descendre à Fons Saint Mamert et Mas de Ponge et rejoindre Nîmes et les jardins de la Fontaine.
L’évasion est préparée grâce à la complicité de gardiens, de 4 détenus de droits communs qui transmettent les messages à l’intérieur, de Marcel et d’Antonin Combarmond "Mistral", qui attendront, avec un camion, les évadés à la sortie nord de Nîmes pour les conduire aux Bouzèdes.
Marty a prévu 3 équipes, 24 hommes : un groupe de 13 pour pénétrer dans la prison le jour où Louis, le gardien, complice, est de service… pour le couvrir, l’homme qui fera le signal sera déguisé en gendarme. 2 autres groupes assureront la sécurité autour de la centrale. Ils retiendront d’ailleurs 2 agents de police venus en vélo, alertés par un témoin extérieur de l’évasion…
4 février… Louis ôte sa casquette au passage d’un détenu… c’est pour ce soir 21h15… mais un imprévu va changer le scénario !
Les allemands ont interdit toute circulation, à la suite d’un attentat. Pas de camion. Un "plan B" doit être imaginé dans l’urgence. Marcel attendra seul les évadés au rendez-vous prévu et les conduira, à pied, à Saint Geniès de Malgoirès où les attendra Mistral qui les conduira sur les hauteurs de Génolhac…
Erreur !
La libération des détenus a pris plus de temps que prévu… Angoissé, Marcel part aux nouvelles… il descend vers la centrale, par la rue "Rouget de Lisle", pendant que les évadés remontent.. celle de "La lampèze" !
Marty, arrivé avec les résistants à l’endroit convenu, ne voyant personne, ne connaissant pas les décisions de Marcel et de Combarmont, décide de partir à pied vers les Bouzèdes…
Rémy Sauer, Marty
Antonin Combarmond, Mistral
Christino Garcia
Légende
> En jaune : parcours des évadés
> En vert : parcours de Marcel
> R : Rendez-vous
> Rond rouge : groupes de sécurité
> La rencontre aux Bouzèdes avec Raymond Barlaguet et Elvira Pajetta ; en présence de JP Olivier, Président de l’association "La voie Régordane".
La longue marche. Les résistants libérés et les maquisards entreprennent une longue marche de nuit pour atteindre les Bouzèdes.
7 nuits durant, se cachant le jour, par un froid très vif, le long de sentiers, grelottant sous leurs habits de forçats, marchant pieds nus ou en chaussettes, la plupart d’entre eux ayant abandonné leurs sabots à la sortie de la centrale pour fuir en silence.
Le 6 février, près de Moussac, les agents sont libérés à la condition de donner de fausses indications sur la marche des évadés : "vous direz que nous nous dirigeons vers Anduze".
Ils seront interrogés à Nîmes, sans se couper… évitant les patrouilles de gendarmes, de G.M.R., de miliciens, de "feldgendarmes", chaque matin détachant 2 ou 3 maquisards à la recherche d’une maigre nourriture fournie par les paysans, affamés et barbus, les vêtements en guenille, ils parviennent aux Bouzèdes, le 11 février.
Plusieurs acteurs de l’évasion seront poursuivis. Louis, déporté à Dachau, sera libéré par les soviétiques. Jean Ancelot mourra en déportation. Joséfa échappera à la mort grâce à la libération de Lyon.
Le groupe d’évadés comprenait des antifascistes italiens dont Giuliano Pajetta (lutte contre Mussolini, brigades internationales, plus tard sénateur de Rome)…
L’association "La voie Régordane" invitera sa fille, Elvira, et organisera une rencontre, à Nîmes et aux Bouzèdes, avec Raymond Barlaguet, "Feuillade", témoin de ces événements et qui se souvenait de leurs chansons, le soir à la veillée… "Bella ciao", "avanti popolo" que l’on jouera lors de ses obsèques, à Domessargues, à proximité de Nîmes.