5 juin 1944… Une tragédie à l’hôtel du Mont-Lozère, à Génolhac.

 

"Ne laisse pas mourir Antigone, Créon, nous allons porter cette plaie au côté pendant des siècles…" ;

"Pauvre Créon, avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m’ont faits aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine…" - Antigone (Jean Anouilh).

 

 

La tragédie de Robert Brun (1925-1944), à Génolhac rappelle celle du résistant Paul Collette, blessant Laval et Déat lors de la remise du drapeau français à la L.V.F., à Versailles, action héroïque et vaine qui inspirera Jean Anouilh pour écrire Antigone.


5 juin 1944, 14h30. La veille du débarquement en Normandie, trois jeunes résistants alésiens, du réseau "Combat", Robert Brun, Jean-François Clavel, J.L. Brugueirolle, qui n’en sont pas à leur première opération, tendent une embuscade à trois officiers allemands, qui, après leur contrôle habituel de l’usine à tanin, terminent leur repas sur la terrasse de l’hôtel du Mont-Lozère. Leur voiture, convoitée, est garée dans la descente de la rue Pasteur.

Ils s’introduisent par la cuisine, à l’arrière de l’hôtel et ouvrent le feu en pénétrant sur la terrasse. Deux officiers sont tués, le troisième agonise… Robert Brun est   blessé dans l’intervention, il est le seul à savoir conduire. Ses deux amis tentent vainement de conduire, emboutissent la voiture devant la poste. Brugueirolle porte Robert Brun dans ses bras… "Il faut un lit ! ".

La receveuse de la poste, Mlle Gerbier le fait installer dans sa chambre. Le temps presse… Les G.M.R. de Bessèges, prévenus, sont en route. Les allemands d’Alès certainement…

> Robert Brun (1925 - 1944)

> A quelques dizaines de mètres du GR700, à Génolhac, en direction de la place du Colombier (derrière la Poste).


> L'hôtel du mont Lozère, à Génolhac. Aujourd'hui fermé.

> Jean François Clavel

L’adjudant-chef Fournier, de la Gendarmerie de Génolhac, alerté par les coups de feu est sur place. On appelle le docteur Jeanjean pour soigner l’officier allemand blessé. Robert Brun est étendu sur le lit de Mlle Gerbier. Paulette, la pharmacienne, sollicitée par Brugueirolle, lui fait une piqûre. Il supplie ses amis de l’abandonner :

"Vous direz à mes parents que je suis mort en brave ! ".

 

15h30. Les G.M.R. vont arriver. Brugueirolle et Clavel, la mort dans l’âme, décident de rejoindre Nojaret, par la montagne…

L’adjudant Fournier et les G.M.R. découvrent Robert Brun, à la poste, allongé sur le lit, vêtu d’un slip… Il refuse de répondre aux questions. Ils décident de le transporter à Bessèges, avant l’arrivée des Allemands…

 

Les allemands arrivent à l’hôtel.

Un officier à la stature impressionnante interroge les témoins et le blessé : "J’ai été bien soigné" ;

Monsieur et Madame Canonge : "Nous ne connaissons pas les jeunes qui ont tiré ! " ;

L’adjudant Fournier : "L’un des auteurs de l’attentat a été conduit à la gendarmerie de Bessèges".

Une voiture de militaires allemands y est dirigée immédiatement.

Ils s’emparent de Robert Brun, l’interrogent puis, vers 21h30, le reconduisent sur les lieux de l’attentat… Un allemand l’exécute de deux balles dans la tête.

Les autorités allemandes ordonneront, sous la garde des gendarmes, de   laisser le corps sur place, jusqu’au lendemain, 6 juin, à 21h30… dans un village déserté par la population craignant des représailles.

 

Le gendarme Biocard dira aux élèves de l’école libre, amenés devant le corps de Robert Brun, par leur institutrice : "Voilà ce qu’il arrive aux terroristes…".

 

Robert Brun, exclu de son lycée de Dakar parce qu’il portait une croix de Lorraine sur sa blouse lors de la tentative du général de Gaulle et de Churchill de rallier l’A.O.F. à la France Libre, rejoint l’histoire des résistances, en Cévennes…

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