... et si vous appreniez à connaître l'inventeur du chemin de Régordane, Marcel Girault.

À l’heure où Marcel Girault fête ses quatre-vingt-dix printemps, il est temps de brosser un modeste portrait de cet inventeur du chemin de Régordane.

"Inventeur" ?

Ne devrait-on pas dire plutôt découvreur, ou redécouvreur ?

Au Moyen Âge, le terme "inventer une relique" est justement employé dans le sens latin originel de ce mot : "découvrir", éventuellement de manière miraculeuse, et non dans le sens actuel de "créateur". Marcel Girault, pèlerin au long cours qui a de nombreuses fois mis ses pas dans les pas de ses pairs du Moyen Âge, mérite bien le titre d’"inventeur" du chemin de Régordane.

 

Dès son adolescence, il commence à s’intéresser aux églises sous le vocable de saint Gilles et rassemble des fiches, commence un inventaire, dans sa région natale de Touraine. Peu à peu, il redécouvre le prestige d’un chemin de Saint-Gilles particulièrement auréolé de légendes et de gloire, l’ancien chemin de "France au Languedoc" (comprendre chemin d’Île-de-France), appelé aussi en sa partie méridionale chemin de Régordane.

 

En 1965, il entreprend un premier pèlerinage à pied d’Orléans à Saint-Gilles, avec deux compères. Il guidera par la suite des dizaines de groupes de jeunes et moins jeunes vers ce sanctuaire, avec l’Association des chemins de Saint-Gilles dont il fut un des fondateurs, ou de manière indépendante par la suite, jusqu’à plus de quatre-vingt ans. Son travail sur ces chemins l’a amené à devenir également un spécialiste des attelages et charrois au Moyen Âge.

On le voit ci-dessous en pleine action, avec Dominique Béguin, croqués tous deux par une jeune pèlerine. Tel que le décrit Raymond Oursel : "un gaillard de taille moyenne, mais tout en charpente et en muscle, vêtu en cow-boy du Far West et coiffé d’un indéfinissable chapeau de ranger australien", un berger qui a mené de nombreux troupeaux à  travers chemins et drailles, souvent par le chemin de Regordane, jusqu’au tombeau de saint Gilles, et continue à susciter les cheminements à travers ses différents ouvrages.

> … avec D.Beguin, en gare de Génolhac : "1,40m… aucun doute, elles sont médiévales !".


> Marcel Girault sur la Regordane (Velay - Cliché Marie-Virginie Cambriels)

> Les premières balades à la découverte du chemin… une véritable expédition !

> Encore et toujours sur le chemin, en 2007.


Homme de lettres autant qu’homme de terrain…

Marcel Girault pèlerine aussi à travers les archives et documents anciens, confrontant toujours ses recherches à la réalité des chemins, et obtient en 1987 un doctorat ès-lettres (histoire, archéologie), à l’Université François Rabelais de Tours. Son étude porte sur la Visitation du chemin appelé "Regordane" (ancienne route de Montpellier et Nîmes à Alès et au Puy) effectuée par Louis de Froidour en 1668.

Un résumé de son travail sera publié en 1986 chez Lacour (Nîmes), ainsi qu’une mise à jour en 2016 : "Regordane, chemin et pays, bilan de cinquante années de recherche".

Ses recherches sur saint Gilles aboutissent également à diverses publications : "La Vie de saint Gilles" (1987, Nîmes, Lacour, traduction en français moderne de la Vita Sancti   Aegidii), "Les chemins de Saint-Gilles" (Lacour, 1990), préfacé par Raymond Oursel, "Le Livre des Miracles de saint Gilles", traduction du texte latin correspondant, avec son fils Pierre-Gilles Girault (Paradigme, 2007). Tous deux ont également publié un magnifique ouvrage Visages de pèlerins au Moyen Âge aux éditions Zodiaque DDB (2001). Le guide Miam-Miam-Dodo du chemin de Régordane, paru pour la première fois en 2008 et mis à jour tous les deux ans, est né à sa suggestion.

 

Fiche réalisée par Marie Virginie Cambriels, avec la participation de Dominique Beguin et Nicole Auguglioro.


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