Saint Julien l’Hospitalier d’après Jean-Pierre PERROT

Les deux versions de la vie légendaire de Saint Julien l’Hospitalier, une en vers et l’autre en prose, datent du XIIIème siècle ; elles dérivent peut-être d’un original commun de la fin du XIIème…

« Elles nous interrogent sur le sens d’une errance qui, de la forêt de Mancelle aux bords du Gardon, en passant par Rome, Jérusalem, Saint-Gilles, mêle étrangement pèlerinage, aventure et amour… »

 

JULIEN, fils d’un comte et d’une comtesse d’Anjou passait le plus clair de son temps à la chasse… Un jour, attiré par les frémissements d’un fourré, il s’approche, bande son arc… Une bête surgit et s’écrie : « Enfant, ne m’occie pas… Je vais te dire ta destinée…Tu tueras ton père et ta mère ! »

Paralysé par la peur, jurant de ne plus aller là où il saurait trouver son père et sa mère, JULIEN brise son arc et ses flèches et entame une longue errance… Rome…Le pape lui conseille un pèlerinage… Jérusalem…Il se mettra au service des Hospitaliers…Il y soignera pendant 7 ans les lépreux… Puis, pour ne pas revenir chez lui il se met en route pour Saint-Jacques avec quelques compagnons…

Il s’embarque à Acre, séjourne 2 mois à Saint-Gilles…Pèlerinage compromis car tous les ponts du chemin ont été détruits par la guerre…Ses compagnons abandonnent ; JULIEN se dirige seul vers une ville proche… Très mal reçu…Pour la première fois on lui refuse l’aumône, de l’accueillir…

 

Un chevalier accepte de l’héberger, lui reproche son existence vagabonde et lui propose de le prendre à son service… Après une nuit d’hésitation, négligeant les recommandations du pape, mettant en doute la prédiction de la bête, il renonce au pèlerinage… Engagé le jour même dans un premier combat, il jette son bâton pour se saisir des armes d’un mort… Il se couvre de gloire, est armé chevalier… Le comte dont il était devenu le vassal ayant été tué il en épouse sa jeune et charmante veuve…Son autorité est reconnue ; il file le parfait amour et s’adonne à son ancienne passion : la chasse… 7 ans de pèlerinage qui n’ont servi à rien… Le sens de son errance s’est inversé…

 

Un jour, ses parents, partis pour un pèlerinage à Saint-Jacques, retrouvent la trace de leur fils… Ils se font connaître de la femme de JULIEN qui les accueille comme ses propres parents, leur offre le lit conjugal, le plus confortable du château… JULIEN à son retour de la chasse, monte dans sa chambre, s’avance dans la pénombre jusqu’au lit où il rencontre une barbe...

Croyant découvrir l’amant de sa femme, fou de jalousie il tranche la tête des deux dormeurs…La prédiction de la bête est réalisée...

Le double meurtre commis c’est de nouveau la fuite…l’exil…les souffrances.

Il est accompagné par sa femme, persuadée qu’elle porte une part de responsabilité. La première errance avait été solitaire, la seconde est celle du couple

Ils décident de reprendre le chemin de Saint-Jacques abandonné, le chemin de Dieu… Après 7 ans de vagabondage ils parviennent au bord du Gardon, rivière torrentueuse, dangereuse… Leur errance est stoppée devant des ponts coupés, des gués impraticables… Face aux refus d’hébergement et de passage, Julien, cette fois, accepte tout. Il va se faire hospitalier et passeur

Pendant 7 ans JULIEN passe les pèlerins de Régordane et sa femme les héberge.

Un jour,  un lépreux, à demi mort, gagné par le froid, demande l’hospitalité, propose  à la femme de Julien de se réchauffer auprès d’elle, dans son lit… Au moment de s’étendre aux côtés du lépreux installé dans son lit, il avait disparu… Julien le cherche partout…Sa femme fond en larmes, quand du dehors, la voie du lépreux se fait entendre : « Femme ne pleure plus…Je suis Dieu…Par ton grand mérite et par la foi de ton seigneur vos péchés et l’homicide vous sont pardonnés… »

 

Saint-Julien est le patron des charpentiers, des hôteliers, des passeurs…. l’église de La Calmette lui est dédié…