Jean Chapus, maître poudrier des troupes d’Henri IV

A la fin du XVIème siècle, la ville du Puy, fut la dernière ville du royaume de France à reconnaitre l’autorité du roi Henri IV. Jusqu’en 1596, elle fut assiégée par les troupes fidèles au roi dont la comptabilité était tenue par Antoine Roqueplan.

 

On trouve, à la date du 26 juillet 1594, la dépense suivante :

"à Jean Chapus, maître poudrier habitant à Polignac, 1485 écus et 30 sols pour vente de 100 quintaux de poudre grosse grainée achetée en la ville de Montpellier, emballage de ladite poudre, et port et voiture d'icelle depuis la ville de Montpellier jusques à celle de Pradelles, qui est à raison de 14 écus 51 sols 3 deniers le quintal".

Pour transporter un chargement de 100 quintaux de poudre, à raison de 3 quintaux par mulet, il fallait une caravane de 30 à 35 mulets, auxquels il faut ajouter les muletiers, le petit matériel, et, sans doute, une bonne escorte.

 

A la date du 13 août 1594, on verse à nouveau :

"à Jean Chapus, maître poudrier habitant à Polignac, 70 écus 48 sols pour délivrance par lui faite en la ville de Pradelles de 3 quintaux et demi mèche et 3 quintaux plomb qui ont été distribués particulièrement ès régiments de gens de guerre à pied des sieurs de Montoison, Gondin, Cluseaux, de Bernis et Molèse, du commandement verbal de Monseigneur le duc de Ventadour, lieutenant-général pour sa Majesté en Languedoc et commandant ès dites troupes en l'absence de Monseigneur le Connétable" ;

cette fois, les quantités sont plus modestes et deux ou trois mulets suffisaient à porter la charge.

 

> Pradelles - la place de la Halle (1900).


Toujours sur le chemin, à la même période...

Le 28 juillet 1594, c’est à Louis Lyonnet, qui était apothicaire du Puy, mais qui avait dû se réfugier à Polignac, que Antoine Roqueplan remet 7 écus et 50 sols "pour être allé avec Maître Mathieu Rochette, de ce lieu de Polignac, ès villes de Pradelles et Langogne, "errer" (acheter) quelque quantité de vin pour la nourriture des troupes de Monseigneur le connétable".


> Ci-dessous : panorama

depuis la butte du Calvaire, à Pradelles.

En fond, le Mont Lozère et, sur sa gauche, l'abaissement de la ligne d'horizon

correspondant à la faille de Villefort où passe le Chemin de Régordane.


Le 11 mai 1595, un dernier reçu concerne Jean Chapus qui reçoit :

"quarante écus pour deux voyages qu’il fit l’an dernier (1594), du commandement de Monsieur de Chaste, du lieu de Polignac ès villes de Montpellier, Sommières, Nîmes et Lunel pour acheter la quantité de cent quintaux de poudre grosse grainée pour la tuition et défense des serviteurs du roi étant au pays de Velay, et l’avoir fait  conduire en la ville de Pradelles"…

Serait-ce un reliquat des frais de déplacements engagés par notre poudrier pour aller négocier l’achat des cent quintaux convoyés jusqu’à Pradelles en juillet 1594 ?

> Ci-contre : une copie d'un dessin de Jean Burel, bourgeois du Puy au XVIème siècle, qui avait dessiné l'échelle de corde utilisée pour l'assaut raté de 1594.


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Jean Chapus, maître poudrier
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> Un dessin représentant Pradelles,

récupéré sur une carte datée de 1705.

Dans l’assaut contre la ville du Puy, en octobre 1594, au cours duquel fut tué le seigneur de Chaste, "Maître Jehan, le pouldrier" devait participer à l’attaque en compagnie de "dix hommes telz que luy munis de douze grenades, de pieux de fer, de manivelles, de cordes et d’échelles de corde"

 

Jean Chapus n’était pas seulement un transporteur de marchandises, sur le chemin de Régordane, entre Le Puy et le littoral méditerranéen… c’était aussi un maître poudrier qui fabriquait ou réunissait la poudre nécessaire aux troupes dirigées par le seigneur de Chaste.