Le marquis de La Fayette et Jean Paul Rabaut Saint Etienne, en marche vers l'Edit de Tolérance...
Un premier chemin les a réunis, celui de
Régordane...
La Fayette perd son père, à l’âge de 2 ans, tué par un boulet de canon à Minden et sa mère part à Paris alors qu’il n’a que 13 ans. Elevé par sa grand-mère à Chavaniac (Haute Loire), il épouse à 17 ans Adrienne de Noailles, 15 ans, héritière d’une grande famille, proche du roi…
Capitaine dans le régiment de son beau-père, duc d’Ayen, il est affecté à Metz.
Le 8 août 1775, au cours d’un dîner offert par le comte de Broglie au duc de Gloucester, frère du roi d’Angleterre, le soulèvement des Insurgents (Etats-Unis) est évoqué… La Fayette prend la décision de les soutenir.
Initié dans une loge maçonnique, sensibilisé aux droits de l’homme, à la fin du colonialisme, il rencontre Silas Deane, diplomate commissaire des insurgents. Il apprend leur déclaration d’indépendance du 4 juillet 1776, quitte l’armée en juin, signe son engagement dans l’armée américaine le 7 décembre 1776 et rencontre en secret, Benjamin Franklin…
Malgré l’opposition du roi et de sa famille, à 19 ans, il s’embarque le 17 avril 1777 sur la "Victoire", une frégate affrétée à ses frais, grâce à une avance sur une grande fortune dont il a hérité.
Devenu proche collaborateur de Georges Washington, il intervient auprès de Louis XVI qui envoie un corps de 6 000 hommes sous le commandement de Rochambeau. C’est le 3 septembre 1783 qu’aura lieu la reconnaissance de l’indépendance par le traité de Paris.
Actions militaires, blessures, succès, décorations, aventures féminines se succèdent… Il revient en France en 1785.
Héros des "Deux Mondes", adulé, il trouve un nouveau champ d’action. Il écrit à Washington :
"… les protestants de France sont soumis à un intolérable despotisme… je voudrai un changement à leur situation…".
Il va se renseigner avec précision sur leur situation. Chavaniac en Auvergne n’est pas loin de Nîmes où se trouve l’un des plus importants représentants du protestantisme français, le Pasteur Paul Rabaut.
"Connaître le terrain avant de s’y engager" conseillait Washington.
Avec l’accord de Malesherbes, il entreprend des pourparlers clandestins avec Paul et son fils le pasteur Jean-Paul Rabaud Saint Etienne.
Ils décident de faire défendre la cause des protestants auprès de Malesherbes par un astronome réputé de Montpellier Jacques Poitevin. L’affaire n’est pas mûre… il faudra plusieurs mois pour convaincre. Alors, à l’automne 1785, les intéressés confient le dossier à Jean-Paul Rabaut Saint Etienne, plus disponible, qui pourra rester à Paris le temps qu’il faudra…
Bénéficiant de l’hospitalité chaleureuse de la famille La Fayette, de l’aide des Consistoires de Marseille, Nîmes et Montpellier, Rabaut Saint Etienne tente de convaincre les notabilités, rédige de multiples rapports… et pendant ce temps, les choses vont mal dans le royaume, la dette publique est trop forte, les abus fiscaux pèsent sur la classe productive et laborieuse… On parle d’une convocation des Etats Généraux...
Louis XVI se décide à provoquer d’abord une assemblée des notables, le 22 février. Sa composition, 144 membres répartis en chambres, ne comprend ni Malesherbes, ni La Fayette... Quelques jours avant l’ouverture un des membres est "démissionné" et remplacé par le marquis de La Fayette !
Réunie pour traiter des difficultés financières, après 3 mois de débats, La Fayette réclame que l’on rende l’état civil aux protestants et que l’on supprime les lois criminelles qui les frappent depuis 1685… Le comte d’Artois, frère du roi, essaye d’écarter la question qui n’est pas à l’ordre du jour mais La Fayette insiste. Alors, l’évêque de Langres César-Guillaume de la Luzerne, un neveu de Malesherbes (!), appuie la demande :
"J’aime mieux des temples que des prêches et des ministres que des prédicants".
Le 25 mai, l’Assemblée des Notables adopte la motion :
"… le bureau s’empresse de présenter à sa majesté ses sollicitations pour que cette portion nombreuse de ses sujets cesse de gémir sous un régime de proscription contraire à l’intérêt général de la religion, aux bonnes mœurs, à la population, à l’industrie nationale et à tous les principes de la morale et de la politique…".
Grâce à la persévérance de Rabaut Saint Etienne et à l’enthousiasme de La Fayette, la longue marche vers l’Edit de Tolérance se termine… Louis XVI le signe en novembre 1787.