Les dragonnades du Mas de la
Barque
n°2 : les truites traumatisées
Tout avait commencé par un orage… Une violente crue d’automne avait creusé "un trou de renard" dans le barrage d’une retenue collinaire, destinée à l’alimentation en eau des "canons à neige" de la station de ski… et réserve à truites pour notre ami Yvan, qui n’hésitait pas à leur jeter quelques légumes et quelques restes des repas du chalet de "La Grange"…à la nuit tombée.
Un trou de renard !
Un peu d’argile assurant l’étanchéité de l’ouvrage emporté dans le ruisseau de
Bayard…
"Pas plus d’une brouette !", selon notre ami Michel Mazoyer, gérant de la S.C.A.I.C., maître d’œuvre de la
construction du barrage, décidée par les élus du Syndicat du Mont-Lozère, présidé alternativement par René Causse.
Constat dressé, il faut bien marquer son territoire, par un Garde du Parc National des Cévennes, missionné par son Directeur Ducros, polytechnicien, considérant les locaux un peu
comme des "barbares selon Gorki", mais assurément sans grande expérience des épisodes cévenols…
L’affaire est grave !
Pollution de l’eau de Vialas, situé à plusieurs kilomètres, par de l’argile… dans un pays granitique !
L’affaire est au tribunal de Nîmes…
"En me promenant le long du ruisseau, j’ai observé que les truites, habituellement dans le courant, étaient réfugiées sous les berges… Elles étaient traumatisées !" plaida Me Tremolet de Villers, avocat célèbre du parc National… que nous n’avions jamais vu, ni sur les berges du Bayard, ni au comptoir de "La Grange", passage obligé pour tout visiteur !
Il fut appuyé par Me Dhombres, avocat de T.O.S. (truites, ombres et saumons), partie civile (et, plus tard, défenseur avec succès de "Gaspard, l’âne du Mont-Lozère"… pour se faire oublier…).
Murmures dans la salle à l’évocation du drame…
"Silence ! ou je fais évacuer la salle ! ", tonna la voix du Président du
tribunal…
Le verdict tombe… René Causse Président de la régie 100 000 francs (15 000€) à titre personnel !
Les partenaires locaux, l’U.A.G., s’emploieront à réunir la somme pour ne pas "traumatiser" le président accablé… Mazoyer de la
S.C.A.I.C., pour avoir introduit un engin dans le ruisseau pour réparer 9 500€… Comment faire autrement
Mr le polytechnicien !
Quelques jours plus tard, lors d’une visite sur les lieux du drame, passant sur la digue, quelle ne fut pas notre surprise que de voir frétiller une trentaine d’alevins à la sortie de la buse d’évacuation…
Interpelé pour constater, le Directeur refusera de tourner la tête vers la buse... suivi des gardes du Parc qui lui emboitèrent le pas…et la tête.
Ces truites étaient administrativement et juridiquement traumatisées, un point c’est
tout !
Fort heureusement, il n’y eut aucune conséquence sur leur goût !